Le terrazzo : retour sur les origines et l’histoire d’un matériau très tendance

Sous forme de sol coulé en place, de plan de travail ou de vasque, le terrazzo, c’est le matériau en vogue. Et il faut bien dire qu’il a tout du revêtement idéal : robuste, écologique, esthétique…
Conçu à l’origine pour habiller les sols, le terrazzo se retrouve désormais dans toutes les pièces de la maison : salle à manger, cuisine, salle de bains…
Pourtant, si ce revêtement est aujourd’hui synonyme de luxe et de raffinement, il a été inventé pour… faire des économies !

Flash-back sur l’histoire de ce matériau surprenant qui ne cesse de se renouveler pour mieux nous séduire.

Les surprenantes origines du terrazzo

C’est dans les ruines des villes antiques d’Herculanum et de Pompéi que les archéologues ont retrouvé les premiers sols ressemblant à notre terrazzo moderne.

Alors que les plus riches faisaient réaliser leurs sols en mosaïque de marbre, les autres ont eu l’idée d’agglomérer divers matériaux de récupération avec un liant à base de chaux ou d’argile : fragments de pierre, de marbre, de faïence, de briques…

Sol en terrazzo découvert dans une maison de la ville d’Herculanum en Italie

Une telle alternative était évidemment bien plus économique que la véritable mosaïque, tout en restant très esthétique.

Le premier âge d’or du terrazzo : le terrazzo alla veneziana

À partir du XIIIe siècle, avec le développement économique de la région du Frioul, le terrazzo évolue et monte en gamme.
Les artisans intègrent dans le revêtement de gros granulats de marbre et des minéraux de différentes couleurs, et le terrazzo se glisse à l’intérieur des plus riches palais.

À Venise, ces revêtements luxueux subliment notamment la décoration du Palazzo Grassi et du Palais des Doges, où les 1325 m² de terrazzo du sol de la salle du Grand Conseil ont été coulés sur toute la surface.
La prouesse architecturale est d’autant plus belle que la ville de Venise repose en grande partie sur de la boue et du bois !

Progressivement, les artisans améliorent leurs techniques et leurs outils. Pour mieux niveler la surface, ils inventent par exemple un outil avec un long manche en bois, au bout duquel se trouve une meule lestée.

En 1582, toujours à Venise, se crée la première confrérie d’artisans spécialisés, « I Terrazzieri ».

Dans le sillage de l’Art déco, le grand retour du terrazzo

Après une longue parenthèse, le terrazzo retrouve la faveur des designers et des architectes à partir des années 1920-1930 avec l’Art déco.

Ce mouvement contribue fortement au retour de ce matériau devenu plus accessible grâce à de nouvelles techniques de mise en œuvre et de ponçage.

Années 50 : le terrazzo se démocratise, pour le meilleur et pour le pire

En 1957-1958, l’architecte vénitien Carlo Scarpa marque durablement les esprits en réinterprétant la tradition de la mosaïque. Place Saint-Marc, dans le show-room d’Olivetti, Scarpa installe un sol en mosaïque parsemé de petits carreaux rouges ou d’un beau blanc nacré.

Crédits photo : Jean-Pierre Dalbéra CC-BY

Dans les années 1950-60, des industriels mettent également au point des systèmes de carrelage à partir de dalles en terrazzo préfabriquées, au risque d’une uniformisation des produits proposés.

Années 80 : le grand come-back du terrazzo

Le terrazzo revient dans les années 80 sous l’influence du designer italien Ettore Sottsass et de son mouvement Memphis, qui bouleverse les codes du design en introduisant dans les intérieurs des couleurs vives et des formes audacieuses, voire extravagantes.

L’artiste japonais Shiro Kuramata, lui aussi membre du Memphis Milano, crée en 1983 la Kyoto Table, une table en terrazzo parsemée d’éclats de verre aux couleurs vives.

Le réemploi de matériaux : l’avenir du terrazzo ?

Le terrazzo s’est aujourd’hui imposé dans toutes les pièces de la maison et sur toutes les surfaces : murs, plinthes, escaliers, plans de vasque, de douche…

Sa popularité est telle que des fabricants d’objets n’ayant parfois plus rien à voir avec ce matériau tentent d’attirer le chaland à coups de « décor » ou « d’aspect » terrazzo. La rançon de la gloire ?

Loin de ces excès, Mergozzo est resté fidèle à l’esprit du terrazzo originel avec le coulage de sols in situ et la création de pièces de mobilier uniques, installées dans les lieux les plus prestigieux.

Plus récemment, nous avons aussi travaillé avec succès sur plusieurs projets de réemploi de matériaux comme le marbre, le granit ou la pierre naturelle.

Après préparation et ponçage, ces matières sont concassées ou découpées en fines pièces assemblées avec un mortier, avant séchage et polissage.

Un hommage en forme de retour aux sources pour une utilisation du terrazzo toujours plus respectueuse de la planète !